Garrigue et maquis
Côté terre, la Grèce est la championne européenne de la biodiversité. Rapporté à sa taille, c’est le pays qui compte le plus grand nombre d’espèces végétales : environ 6 600. C’est un peu plus qu’en France métropolitaine, pourtant quatre fois plus grande. À elles seules, les Cyclades concentrent 1 768 espèces végétales, dont 161 sont endémiques, c’est-à-dire qu’elles ne se trouvent que dans l’archipel. Pourtant, avec leur climat semi-aride (cinq mois sans pluie par an), les Cyclades sont surtout dominées par des paysages de garrigue et de maquis agrémentés de lauriers-roses, d’oliviers (domestiques et sauvages) et de figuiers. Le calycotome épineux (Calycotome villosa) aux fleurs jaunes, l’arbre au mastic (Pistacia lentiscus), le chêne des garrigues (Quercus coccifera), qui peut atteindre 9 m de hauteur, et le genévrier de Phénicie (Juniperus phoenicea) constituent les buissons du maquis. Dans les zones plus arides, la garrigue se compose de thym à têtes (Thymus capitatus) aux fleurs mauves en été, de genêt à branches épineuses (Genista acanthoclada), typique de la Grèce et du Moyen-Orient (fleurs jaunes), de différents types de ciste (Cistus) et de pimprenelle épineuse (Sarcopoterium spinosum) aux piquants entrelacés et aux petites fleurs rouges (au printemps).
Un riche écosystème marin
Présente à quelques mètres du rivage des Cyclades depuis l’ère des dinosaures, la posidonie de Méditerranée (Posidonia oceanica) n’est pas une algue, mais une plante à fleurs marine qui est la clé de voûte d’un écosystème unique.
Bien moins connue que l’olivier, c’est pourtant l’autre plante emblématique de Méditerranée. Constituée de touffes vertes recouvrant le sable, elle forme de vastes prairies sous-marines.
Ces « herbiers de posidonie » jouent non seulement un rôle déterminant dans la séquestration du carbone (plus important que la forêt amazonienne), mais ils abritent les lieux de ponte de nombreuses espèces de poissons et de crustacés.
C’est particulièrement le cas dans le nord des Cyclades, où la posidonie prospère, de Sérifos à Andros, avec, à l’autre bout de la chaîne alimentaire, la présence d’une espèce carnivore particulièrement rare et menacée : le phoque moine de Méditerranée (Monachus monachus).
Avec environ 600 individus répartis entre la Grèce et la Turquie, ce mammifère disparu de Corse dans les années 1970 a principalement trouvé refuge sur les côtes de Sérifos, Syros, Andros et, surtout, sur l’île inhabitée de Gyaros (17 km2).
Cette dernière, située au nord de Syros, abrite la plus importante colonie de ces phoques qui peuvent peser jusqu’à 300 kg. Gyaros est aussi la plus vaste des 35 zones classées Natura 2000 dans les Cyclades (26 000 ha).
Très rares dauphins et baleines
Les eaux chaudes de la Méditerranée orientale sont le terrain de jeu des cétacés. Mais si l’on recense 5 espèces de dauphins et 7 espèces de baleines en Grèce, celles-ci boudent les Cyclades. Le dauphin commun (Delphinus delphis) ou le rorqual commun (Balaenoptera physalus) préfèrent les eaux profondes et abondent dans presque tous les autres archipels grecs. Ils se concentrent le long de la « fosse hellénique » : cette faille, la plus profonde de Méditerranée, descend à plus 5 000 m sous le niveau de la mer et relie les îles Ioniennes au Dodécanèse en passant par le sud de la Crète.
Toutefois, le cétacé le plus répandu en Grèce, le dauphin bleu et blanc (Stenella coeruleoalba), est parfois présent dans les Cyclades.
On a plus de chances de le rencontrer au large, au nord de l’archipel, près des îles Saroniques, et au sud, entre Paros et Amorgos.
Pour cela, il faut se placer à l’étrave du bateau, puisqu’il aime jouer avec les vagues (mais redoute les remous à l’arrière des embarcations) et peut accompagner ferrys et voiliers pendant plusieurs minutes.
De la mer à l’assiette
Nous vous indiquons ici les produits de la mer locaux que l’on retrouve le plus souvent au menu des restaurants avec, entre parenthèses, leur nom scientifique ainsi qu’en grec et en anglais. La star des Cyclades est bien sûr le poulpe, pêché dans les criques rocheuses et mis à sécher au soleil devant chaque psarotaverna (« taverne à poisson »). Il s’agit de la pieuvre commune (Octopus vulgaris, chtapodi, octopus), préparée au vinaigre, grillée ou en sauce. Autres céphalopodes prisés : la seiche (Sepiida, soupia, cuttlefish) et le calamar (Doryteuthis, kalamari, squid). Ce dernier est proposé frit en morceaux, entier à la poêle ou farci à la feta. Mais attention, il est souvent surgelé et peut arriver de très loin comme le calamar de Patagonie (Doryteuthis gahi). Côté poissons locaux, le rouget de roche (Mullus surmuletus, koutsomoura, striped red mullet), le rouget de vase (Mullus barbatus, barbouni, red mullet), la rascasse brune (Scorpaena porcus, mavroskorpios, scorpion fish), la dorade royale (Sparus aurata, tsipoura, silver seabream) et le denté (Dentex dentex, sinagrida, red snapper) sont en général servis grillés. Les anchois (Engraulis encrasicolus, gavros, anchovy) sont quant à eux proposés en petite friture. Plus rares sont le thon rouge de Méditerranée (Thunnus thynnus, erythros tonos, bluefin tuna), menacé d’extinction, et l’espadon (Xiphias gladius, xifias, swordfish). On trouve en revanche fréquemment la langouste rouge (Palinurus elephas), dont les noms en grec (astakos) et en anglais (lobster) se confondent avec celui du homard, pourtant quasi inexistant ici.
Surpêche et espèces invasives
Avec 800 000 visiteurs pour 120 000 habitants dans les Cyclades, le tourisme pèse lourdement sur l’environnement. C’est particulièrement le cas en mer où les réserves naturelles de poissons ont fortement diminué avec le doublement du nombre de touristes depuis 2010.
Résultat, les pêcheurs sont contraints d’aller plus loin pour remplir leurs filets et les restaurants se fournissent de plus en plus à l’extérieur de l’archipel.
Des poissons comme le denté et la daurade royale proviennent ainsi aujourd’hui presque exclusivement de fermes d’élevage du Péloponnèse ou de l’Eubée.
L’effet inattendu de cette crise est que, depuis 2020, la pisciculture grecque occupe la première place au sein de l’UE et la troisième au niveau mondial.
Autant dire que le poisson sauvage des Cyclades est devenu rare et très cher.
Autre conséquence : depuis les années 2010, des espèces invasives venues de l’océan Indien par le canal de Suez prolifèrent et menacent l’écosystème du sud de l’archipel comme le poisson-lapin à queue tronquée (Siganus luridus) et la magnifique mais dangereuse rascasse volante (Pterois volitans). Ainsi, à Santorin et à Amorgos, une campagne a été lancée pour encourager la pêche et la consommation de ces espèces invasives.
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